octobre 26, 2005

13-Le soja transgénique en Argentine: destructions, corruptions et désolations

A l'inverse de certains pays européens où polémiques et controverses mettent le phare sur les méfaits de l'agriculture transgénique, les argentins se sont vus imposer la culture de plantes génétiquement modifiées, la confiscation de leurs terres et le saccage de leurs forêts et biodiversités ainsi que l'empoisonnement de leurs habitats.


Dès après les années de crise des années 1990
,

s'est abbatue sur eux une calamité certainement plus grave et qui aura des répercussions écologiques, humaines et environnementales désatreuses et malheureusement irréversibles.

1996 : le gouvernement argentin autorise la culture du soja transgénique « Roundup Ready ». Produit par Monsanto, ce soja a été manipulé génétiquement pour résister au Roundup, un « herbicide total » à base de glyphosate fabriqué par… Monsanto.
Ebranlés par une grave crise économique, qui met le pays au bord de la faillite, les paysans achètent massivement le fameux « paquet technologique » : semences et herbicide. Et pour cause, les semences de soja transgénique sont appelés graines miracles. En moins de dix années et du fait de la crise de la vache folle en Europe, 14 millions d'hectares de terre fertiles ont été victimes du processus de sojisation. Les paysans sont encouragés par le gouvernement, qui profite de la crise européenne de la vache folle pour engranger des devises et éponger une dette extérieure colossale : en effet, à la fin des années quatre-vingt-dix, l’interdiction des farines animales a provoqué une flambée des cours du soja.

Un paysan dont 3/4 des terres sont infestés par le soja de Monsanto décrit ce processus de cette façon: selon ce paysan, les trois premières années: coûts de production bas, gros rendements des semences, quand on pulvérise le round-up, les plantes OGM, elles, restent vivantes sauf tout ce qui vit autour des plantes génétiquement modifiées.

Déstructuration de l'agriculture et de la biodiversité

Remplaçant d'autres cultures comme le tournesol, le maïs, le manioc, les patates, les légumes et fruits locaux, la culture du soja transgénique a envahi toutes les terres très fertiles d'Argentine et dès qu'une parcelle (le plus souvent confisquée aux petits paysans) ne produit plus assez et que les terres deviennent stériles, on étend le désert ainsi crée en saccagant les écosystèmes comme les savanes et forêts épargnés jusque là. La « fièvre » du soja provoque des déforestations massives : au cours des cinq dernières années, 800 000 hectares de forêts primitives, riches en biodiversité, sont partis en fumée.

La culture du soja transgénique argentin bouleverse totalement la saine pratique de rotation des cultures car tout comme les êtres humains, on ne peut se contenter de manger le même plat. Or, la pratique de rotation des cultures nourrit la terre et l'enrichit, la gardant fertile et pleine de vie.

A ce phénomène de changements dramatiques de pratiques agricoles qu'est la rotation des cultures s'ajoute les actes criminels d'épandages de pesticides.

Les paysans et agronomes sont inquiets : l’usage massif du glyphosate a entraîné l’apparition de mauvaises herbes tolérantes, d’où la nécessité d’utiliser deux fois plus d’herbicide. Au niveau national, la consommation annuelle de pesticides est passée d’un million de litres dans les années 90 à 150 millions en 2004.

Problèmes de santé

L'herbicide commercialisé par Monsanto contient du glyphosate: l'agent actif du round-up et des matières inertes. Le reportage ne portait pas sur les effets de résistances à cet herbicide des mauvaises herbes qu'il est sensé supprimé. Il est regrettable de ne pas avoir insité sur les effets de résistances et la mutation des mauvaises herbes qui deviennent de SUPERBES mauvaises herbes au point que plus aucun herbicide ne fonctionne et qu'il faille desherber à la main. Quelle absurdité!

Les argentins vivent aujourd'hui dans un geyser et un nuage quasi permanent d'un des herbicide les plus toxique de la planète. Epandu par avion, jusqu’aux portes des maisons, des écoles, etc, une des matières inertes qui compose le roundup, provoque des lymphomes de type hodgkinien et problèmes de vue.

Voici ce qui arrivent aux habitants confrontés aux épandages massifs, réguliers et criminels du roundup.

Fausses couches
Grossesse extra-utérine
Mort fœtale précoce
Problèmes thyroïdiens
Problèmes hormonaux
Stérilités
Problèmes respiratoires
Problèmes de la peau
Problèmes digestifs
etc


Empoisonnement des autres cultures et ruines des paysans

Ces épandages affectent aussi les cultures vivrières, poussant les petits paysans ruinés à quitter leurs terres pour rejoindre des bidonvilles : en dix ans, cent mille exploitations familiales ont disparu. Un phénomène qui s’explique aussi par le processus de concentration dans les mains de sociétés d'investissement et fonds de pension des terres qu’a entraîné le développement d’une agriculture industrielle et commerciale tournée exclusivement vers les exportations. Mais également par le fait que les épandages par avions de roundup touchent de plein fouets les exploitations cultivant d'autres fruits et/ou légumes que le soja génétiquement modifiés. Ainsi, à la suite d'un épandage de roundup, le reportage montrait un paysan ayant perdu toute sa récolte de patates. Elles étaient empoisonnés et les plantes mourraient les unes après les autres.

Corruptions, menaces et pillages des forêts

Du fait de la stérilité croissante des terres dûe aux pesticides et à leur usage massif et exponentiel, les investisseurs et sociétés agroindustrielles de soja sont entrés dans une folle logique. Avec la complicité de dignitaires hauts placés, ils avancent dans la politique de désertification et de pillage de la biodiversité. Comme si cela ne suffisait pas, Monsanto réclame le paiement de royalties sur les récoltes PASSEES et à venir. En effet, la perte du brevet sur le glyphosate et la baisse du cours du soja rend la culture moins rentable.

Un conflit oppose d'ores et déja les paysans, mais aussi le gouvernement argentin à Monsanto : en 2004, la compagnie a créé la surprise en réclamant des royalties rétroactives sur toutes les semences utilisées depuis neuf ans.

Au début, pourtant, elle avait assuré que les paysans pouvaient conserver une partie de leur récolte pour la ressemer, l’année suivante sans avoir à payer de droits d’auteur. « Ce fut un piège », assurent, aujourd’hui les Argentins, qui craignent de ne plus pouvoir faire marche arrière…

On ressort assez atterré à la fin du visionnage de ce reportage. Un médecin argentin qui vit sur le terrain qualifie la sojisation de l'Argentine comme étant une catastrophe sanitaire. Mais c'est aussi une catatrophe écologique en ce sens que la richesse écologique d'une des parties du monde les plus fertiles est détruite et continue de l'être de façon quasi irréversible. Si on met de côté les contaminations génétiques d'espèces vivantes, des sols, des airs par des gènes de bactéries, d'autres animaux..., un autre fléau provoqué par les sociétés d'investisseurs détenant maintenant la plus grande partie des terres argentines est le bouleversement écologique du climat argentin et donc de celui de la planète. Des innondations ont déja lieu dans certaines régions du pays, autre fois préservées, du fait de la destruction des sols qui induit un ruissellement des eaux.



Article largement inspirée de la présentation d'Arte (lien en titre) sur son reportage et de la visualisation du sujet.

Autres liens:


Organicconsumers.org

les ogm, ça vous parle?

Ecocitoyen.over-blog